vendredi 17 février 2012

FORMATION DES PRÊTRES


LUXEMBOURG - Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, veut inculquer aux séminaristes une vue «positive» de la sexualité pour éviter au maximum les risques d'abus sexuels.


Évêques et experts réunis au symposium de Rome sur la pédophilie ont reconnu les graves lacunes de formation affective des prêtres, et préconisé une sélection rigoureuse et une solide «formation humaine» pour éviter la répétition des abus sur mineurs. Le plus important, selon Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, c'est que les prêtres soient formés à avoir «une vue très positive de la sexualité, et ne la voient pas comme un danger». Interview.

Quel type de séminaire doivent trouver les jeunes candidats au sacerdoce?
Mgr Jean-Claude Hollerich:Quand les jeunes entrent au séminaire, le processus de maturation vers l'âge adulte n'est pas encore terminé. Il faut qu'ils y trouvent une atmosphère de famille pour que ce processus puisse continuer. J'ai peur que dans de grandes institutions, ce processus soit freiné ou interrompu. Il faut d'autres structures, des expériences plus humaines.
Quel doit être le contenu de la formation?
En général, les études ça marche bien. C'est le niveau humain qui ne suit pas. Il faut prévoir plus de stages, par exemple dans des cliniques, mais les stages ont seulement du sens quand ils sont accompagnés. Il faudrait avoir des stages pendant tout le séminaire. Le fait qu'il y ait moins de séminaristes en Europe est une chance pour personnaliser la formation. Des cours d'éducation (sur la sexualité et l'affectivité) sont nécessaires justement pour que les jeunes ne soient pas gênés pour poser des questions. Ils ont besoin d'une direction spirituelle. Elle doit continuer après le séminaire pour les jeunes prêtres qui commencent. Ils ont été dans un milieu très protégé et, tout à coup, il n'y a plus rien.


Les séminaristes d'aujourd'hui sont-ils mûrs? Ceux qui ne le sont pas ne devraient-ils pas choisir la vie de couple hétérosexuel ou homosexuel?
J'ai l'impression que beaucoup de séminaristes ne sont pas encore conscients de leur sexualité, ils promettent le célibat avant de la découvrir. C'est très dangereux parce qu'il faut justement les aider à sublimer leur sexualité au service des autres et de l’Église. L'importance du combat spirituel, une tradition ascétique de l’Église, doit aussi leur être enseignée. Les degrés de maturation sont très différents de personne à personne. Des jeunes de 20 ans peuvent avoir une grande maturité, d'autres à 30 ne l'ont pas encore: alors, il faut les refuser. L'important, c'est l'authenticité. Les gens mariés souffrent de l'infidélité des prêtres. Avec le grand appel à la réévangélisation de l'Europe, il faut des gens solides. Il faudra que les prêtres aient une vue très positive de la sexualité, qu'ils ne la voient pas comme un danger uniquement. Comment peut-on bénir un mariage si on a une vue négative de la sexualité? Pour les prêtres homosexuels, là aussi, il faudrait en parler, et leur dire clairement que le prêtre, même s'il est homosexuel, a les mêmes devoirs de célibat qu'un autre.

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